Utiliser StopCovid ? 4 questions pour un choix responsable
La future application est sous le feu des critiques avant même sa sortie. Elle serait inefficace, liberticide et dispendieuse. Comment les usagers que nous sommes, sans connaissances techniques avancées, pourraient faire un choix responsable et éclairé à son sujet ? Après lecture d’une dizaine de ressources, l’antic vous livre une synthèse pour aider à prendre une décision.
StopCovid : comment ça marche ?
L’illustration suivante permet de comprendre le fonctionnement global de l’application dans le modèle dit « décentralisé », comme envisagé par l’Allemagne ou la Suisse. Un autre protocole dit « centralisé » (choix français et anglais) ne suit pas la même procédure pour prévenir Bob quand Alice tombe malade.
StopCovid : est-ce efficace ?
Un article publié dans la célèbre revue « Science » a conclu que « la propagation virale est trop rapide pour être contenue par la recherche manuelle des contacts, mais pourrait être contrôlée si ce processus était plus rapide, plus efficace et se produisait à grande échelle. Une application de recherche de contacts qui crée une mémoire des contacts de proximité et informe immédiatement les contacts des cas positifs peut permettre de contrôler l’épidémie si elle est utilisée par suffisamment de personnes. ».
Plus concrètement, on estime qu’au minimum 60 % de la population doit utiliser StopCovid pour qu’elle soit efficace. Mais pour qu’il y ait un tel niveau d’utilisation, les citoyens doivent avoir confiance et donc être certains qu’il n’y aura pas de conséquences négatives à son utilisation ou à sa non-utilisation d’ailleurs (libre consentement).
C’est pourquoi la question suivante est primordiale.
StopCovid : est-ce sans risques pour nos libertés individuelles ?
Dans son avis du 26 avril, la CNIL estime que StopCovid peut être déployé « si certaines garanties sont apportées ». Or, un collectif de chercheurs du CNRS et de l’INRIA a proposé une analyse des risques potentiels pour les utilisateurs de StopCovid dans laquelle il ressort que :
</br/> Ces risques sont confirmés par le Secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O qui, dans un billet en date du 3 mai, a salué le travail de vulgarisation des chercheurs qui permettra aux concepteurs de StopCovid d’améliorer l’application. Cependant, il reconnait que certains défauts ne pourront être surpassés par la technique et qu’elle restera imparfaite et donc potentiellement dangereuse.
StopCovid : faut-il l’utiliser ?
Sous réserve que les phases de test démontrent le bon fonctionnement de cette application à grande échelle (avec ses qualités et ses défauts), la décision à prendre de son usage peut se fonder sur des critères politiques et non pas sur des critères techniques, éthiques ou financiers :
- Choix 1 : on n’utilise pas StopCovid car on estime que la situation ne justifie pas un renoncement au principe de précaution (argument des collectifs de chercheurs et de citoyens) ;
- Choix 2 : on utilise StopCovid car on juge que la situation est suffisamment grave pour accepter temporairement de renoncer à une partie de nos droits (argument du Gouvernement).
Ressources utilisées pour rédiger ce billet :
- Le traçage anonyme, dangereux oxymore : analyse de risques à destination des non-spécialistes – Collectif scientifique « Risques traçage »
- Mise en garde contre les applications de traçage – Collectif scientifique « Attention StopCovid »
- StopCovid ou encore ? – Cédric O
- Publication de l’avis de la CNIL sur le projet d’application mobile « StopCovid » – 26 avril 2020
- Nos arguments pour rejeter l’application StopCovid – Quadrature du Net
- Traçage des données mobiles dans la lutte contre le Covid-19 – Mounir Mahjoubi
- Coronoptiques : dossier du Laboratoire d’Innovation Numérique de la CNIL (LINC) qui explore les dispositifs de surveillance mobilisés pour gérer l’épidémie de Covid-19, se compose de quatre parties
- Quantifying SARS-CoV-2 transmission suggests epidemic control with digital contact tracing – Revue Science
Illustration de l’article © Bonne Graine