Les communs numériques et logiciels libres, nouvelle stratégie des acteurs de l’éducation ?
Longtemps les acteurs de l’éducation se sont reposés sur les solutions numériques éducatives en provenance de grands éditeurs privés. Mais aujourd’hui, dans un contexte de manque de ressources, de réduction de l’empreinte écologique, ou d’adaptation à diverses crises, cette stratégie d’équipement atteint ses limites car elle repose sur des investissements réguliers et importants. Les communs numériques et les logiciels libres, jusqu’alors marginaux au sein du secteur éducatif, sont en passe de montrer tout leur potentiel.
Le premier à nous le confirmer est Claudio Cimelli, Directeur de projet à la Direction du numérique pour l’éducation. Lors des Rencontres Numériques 2023, il avait présenté la Stratégie du Numérique pour l’Education 2023-2027 dans laquelle, parmi les 16 mesures engagées, la 6ème consiste à « Soutenir le développement des communs numériques ».
Le second qui a illustré la stratégie est Alexis Kauffmann, le co-fondateur de Framasoft, désormais chef de projet logiciels et ressources éducatives libres à la Direction du numérique pour l’éducation. Il était l’invité d’Euskara Bildua, conférence organisée à San Sebastian le 26 octobre 2023, à laquelle l’antic était conviée à intervenir également.
Il a notamment expliqué comment le Ministère de l’Education, en investissant dans l’outil libre de visioconférence BigBlueButton, a pu dans un temps record déployer une solution de continuité pédagogique pendant le confinement de 2020 et comment ces financements avaient également permis d’améliorer l’outil au bénéfice de tous les autres utilisateurs qui en retour ont proposé d’autres fonctionnalités.
Alexis Kauffmann a également mis en avant le projet Vikidia, un Wikipédia écrit par et pour les enfants, qui se nourrit des projets pédagogiques proposés par les enseignants mais qui permet également une réversion aux autres collègues.
Enfin sur la question du matériel numérique, l’inflation de performance qu’entraine Windows rend trop rapidement obsolètes des PC qui sont parfaitement fonctionnels. Là encore, la possibilité de modifier le code libre Linux a permis la création du projet PrimTux, a permis de redonner une seconde vie à des PC réformés, tout en intégrant des outils éducatifs gratuits dans le primaire.
En Pays Basque, on retrouve des projets similaires qui donnent aux acteurs de l’éducation des outils adaptés à leurs usages et à leurs moyens. Le premier d’entre-eux est ResoLab, qui, en se basant sur un outil de réseau social libre (HumHub), a permis la création d’un outil éducatif et de prévention sur la question de la sociabilité numérique.
Autre projet à connaitre, TxikiLinux, qui à l’instar de PrimTux, propose une distribution spécialement conçue pour les écoles du Pays Basque (interface en euskara mais aussi en français et espagnol) avec un triple objectif d’économie circulaire, de protection de la langue basque et d’utilisation du numérique libre. Un exemplaire est d’ailleurs disponible à l’antic pour démonstration.
Les communs numériques éducatifs proposent aujourd’hui d’autres modes de partage de la valeur rendant les matériels, les investissements, et les outils publics plus durables et plus responsables.
Les vidéos des interventions sont disponibles en ligne sur la chaine Peertube d’Euskara Bildua uniquement accessibles aux bascophones mais n’hésitez pas à prendre contact avec l’antic pour tout renseignement sur les solutions présentées.